Réflexions sur mes activités
Mes attachement : j’ai de la difficulté à abandonner même ce qui n’est pas bon pour moi, et cela concerne aussi mes activités.
Pour les possessions matérielles, c’est plus facile. La dissolution de Chiang Mai est déjà bien avancée. Depuis que je suis rentré de Khanom, j’ai d’abord été malade, puis j’ai passé tout mon temps sur ma structure de partage. Je m’y remettrai quand la structure sera en place.
Je garde beaucoup de choses qui ne me sont plus utiles en me disant qu’elles ne mangent pas de pain, et seront peut-être utiles un jour (cela arrive parfois, mais c’est rare), surtout les choses virtuelles qui n’occupent pas un espace matériel, comme les dossiers de mon ordinateur, mes sites. Je n’aime pas couper les ponts derrière moi, probablement parce que le passé est très important pour moi, plus que le futur.
Il faut me focaliser sur mes besoins essentiels – satisfaction ou frustration s’ils sont ou non satisfaits – et choisir les activités prioritaires.
J’aurai du temps quand je me serai séparé des activités qui ne m’apportent pas beaucoup de satisfaction, et je pourrai partager mon temps entre celles qui me nourrissent.
Si je devais mourir dans un an, que ferais-je ?
Les sites, il n’y a que les plus importants que je dois mettre à jour (5 ou 6), et cela ne me prend pas beaucoup de temps. Ils ne sont pas dans un placard, ils sont sur le web, où ils sont disponibles pour ceux qui veulent les visiter, comme mes livres sont disponibles sur Librinova. Et si mes sites principaux sont plus visités, les autres le seront aussi.
Le besoin de partager mes idées, d’être reconnu, qu’on vienne me chercher, mais en même temps le besoin qu’on me laisse tranquille pour avoir le temps de vaquer à mes petites activités, c’est le dilemme de la ligne* 2 dans le Human Design*, celle de l’ermite, qui est une des 3 lignes importantes dans mon design (avec les lignes 4 et 6). Un dilemme probablement insoluble, puisque c’est un aspect de mon code génétique. L’écrivain a bien sûr ces 2 besoins. Si je laisse tomber le projet de structure de partage, je serais tranquille pour écrire sans être dérangé, mais frustré parce que personne ne lira mes écrits. Si la structure de partage fonctionne bien, que mes sites, mes livres et mes vidéos commencent à avoir du succès, je devrais gérer ma renommée, répondre à des mails, des commentaires et des demandes, et je perdrais ma tranquillité. Pour l’instant, cela ne me semble pas un réel danger. Mais s’il fallait en choisir un des deux, je choisirais sans hésiter la tranquillité. Alors pourquoi ne pas la choisir tout de suite ?
Les périodes où cela a bien fonctionné dans ma vie, c’était quand j’avais une ou deux activités principales. Pendant longtemps, c’était la peinture, puis l’écriture a commencé avec le Journal, à Tahiti, mais les deux pouvaient bien cohabiter. Je crois que les problèmes ont débuté quand j’ai commencé à faire des stages de thérapies diverses, à étudier plein de nouvelles choses, et à donner des cours et des séances, vers 1998, après mon arrivée à Chiang Mai. Ce fut ma période New Age, où j’ai adopté la croyance qu’il fallait aider, guérir et éveiller les autres, et devenir un guerrier de lumière qui allait contribuer à changer le monde. Cela a commencé à me prendre beaucoup de temps, et à interférer avec la peinture et l’écriture. Et quand on voit la situation d’aujourd’hui, il est clair que ce rêve New Age n’a pas tellement fonctionné. C’est probablement parmi ces activités-là qu’il faut que je fasse le ménage, et revienne à la création.
L’autre chose qui a changé notre vie et notre gestion du temps, et a commencé à remettre en question notre liberté, c’est l’arrivé de l’ordinateur et de l’internet. Mais là, peut-on aussi faire le ménage et revenir en arrière ? C’est moins évident.
Une chose importante, en dehors de ce qui est sain ou malsain, c’est ce qui est éthique ou non, et ce qui est écologique ou non, dans le monde et dans ma vie, afin d’en tenir compte aussi dans le choix de mes activités. S’il faut se préoccuper de nos besoins, il est aussi essentiel de tenir compte de nos valeurs. Car faire des concessions sur nos valeurs humaines profondes, n’est-ce pas commencer à renoncer à notre liberté, et à accepter l’asservissement ?
Mon problème, ce n’est pas juste de choisir une ou deux activités et d’en abandonner une ou deux autres, je sens que c’est plus profond !
Mais la question « Que ferais-je si je devais mourir dans un an ? » est la plus importante, et je crois que, dans l’immédiat, elle élimine toutes les autres. Elle n’est d’ailleurs pas si utopique que ça. Mon idée, c’est que je vais encore vivre un maximum de 5 ans, mais peut-être moins.
Si 2022 est ma dernière année de vie, c’est sûr que je choisirais l’écriture. J’ai bien envie de faire comme si ! Et si je suis encore là dans un an, je pourrais me reposer la même question, et il y a bien des chances que je donne la même réponse. Voilà donc mon programme établi pour 2022. Ce qui ne m’empêche pas de garder certains activités liées à l’écriture, qui lui apportent la dose de variété dont elle a besoin, comme le blog, la newsletter, les sites, les vidéos… qui ne sont pas trop envahissantes et chronovores.
Il me reste un mois pour finir de préparer ce qui reste à préparer et faire un peu d’ordre et de dissolution.
Je me demande si, depuis deux ans, ce n’est pas le Covid qui m’a fait perdre le rythme que j’avais pris avant avec l’écriture ? Il faut que je le reprenne.
Pendant ces deux ans, j’ai fait beaucoup de stages (Jean-Jacques Crèvecœur et Mika Denissot, que j’ai rencontrés dans les vidéos sur le Covid), beaucoup de Human Design/Gene Keys*, beaucoup de mail, et j’ai regardé beaucoup de vidéos sur le Covid et l’état du monde. Le temps de faire tout ça a été pris principalement sur l’écriture.
Mes besoins importants
- De faire ce que j’aime : c’est très important.
- D’activité : j’ai besoin d’être actif, de faire des choses, ou une chose qui me passionne (ce n’est pas forcément de l’hyperactivité).
- De temps : je ne sais pas si c’est un besoin, c’est peut-être une question d’organisation.
- De liberté : il faut définir ce que cela signifie pour moi.
- De partager mes idées (plus que de transmettre un message) : c’est important, sinon pourquoi voudrais-je créer ma structure de partage ?
- De succès (plutôt d’être connu ou reconnu) : c’est important, sinon pourquoi voudrais-je créer ma structure de partage ?
- De gagner de l’argent : ce n’est pas important pour l’instant, mais pourrait le devenir en cas de crise grave.
Mes besoins moins importants
- De finir des choses : pas très important, car les choses importantes n’ont pas un début et une fin, comme l’écriture, ce sont des processus qui continuent. Mais fonctionnellement, il y a des choses à finir, bien sûr.
- De diversité (l’incertitude des 6 besoins humains) : pas important s’il y a une chose qui me passionne et m’occupe à plein temps (une chose qui offre quand même une certaine variété, comme l’écriture). C’est un besoin quand il y a de l’ennui ou de la lassitude.
- De commencer de nouveaux projets (le 53 dans le Human Design) : pas important s’il y a une chose qui me passionne et m’occupe à plein temps (une chose qui contient quand même de nouveaux projets, comme l’écriture). C’est un besoin quand il y a de l’ennui ou de la lassitude.
- De changer les choses, de révolutionner (le 49 dans le Human Design) : ce n’est pas vraiment un besoin important, c’est plutôt une réaction aux insatisfactions et aux turpitudes de la vie et du monde. Car serais-je capable de réussir une révolution pour satisfaire mon besoin ?
- De contribuer : est-ce vraiment un besoin ? En étant vivant, on contribue, d’une façon ou d’une autre. Partager mes idées et être plus connu pourrait satisfaire ce besoin.
- D’étudier : c’est un besoin que je pourrais laisser en attente.
Écriture : à faire avant de mourir
- Terminer la première version de l’anthologie Regarder la vie.
- Trier, corriger et déposer à l’APA les textes de 2020 et 2021.
- Écrire une nouvelle version épurée du livre La vie : jeu, art ou mission.
* Ligne : dans le Human Design et le système des Gene Keys, chaque porte ou clé génétique comporte six lignes, qui ajoutent leur coloration particulière aux aspects de la personnalité humaine correspondant à cette porte ou cette clé génétique. De la même manière, dans le Yi Jing, chaque hexagramme comporte six lignes, qui affinent la stratégie recommandée par cet hexagramme.
* Human Design : le Human Design est un système complexe de connaissance de soi qui fait appel d’une part aux dernières découvertes de la génétique et de la physique quantique et d’autre part aux anciens enseignements de l’astrologie, du Yi Jing, du système indien des chakras et de l’arbre de vie de la kabbale. Pour plus de détails : https://human-design-en-francais.simdif.com.
* Gene Keys : littér. clés génétiques. J’ai utilisé la traduction française pour désigner les 64 aspects de la personnalité humaine décrits par Richard Rudd (qui correspondent aux 64 codons du code génétique humain, aux 64 hexagrammes du Yi Jing et aux 64 portes du Human Design). J’ai gardé l’anglais Gene Keys pour désigner le système et les enseignements développés par Richard Rudd, l’organisation qu’il a mise en place pour les diffuser et le titre de son livre.
3 décembre 2021, Chiang Mai