Dissolution de mon passé
Je sais bien que je suis attaché au passé, surtout à mon passé. C’est pourquoi j’ai écrit, et continue d’écrire, un Journal. Et c’est pourquoi je conserve aussi toutes les traces et les témoins du passé et ai autant de peine à m’en défaire, même si le poids, au sens propre et figuré, de toutes ces affaires me pèse, me fait souffrir et est un obstacle à ma liberté. J’ai commencé à écrire mon Journal en 1983, à l’âge de 50 ans, mais je n’ai presque aucun écrit autobiographique sur la première partie de ma vie, à part quelques lettres. Par contre, j’ai des milliers de photos qui, à leur manière, racontent aussi mon histoire depuis ma naissance jusqu’à mon arrivée en Thaïlande en 1988, quand j’ai décidé de cesser de prendre des photos. Pendant la période de 1983 à 1988, la période de Tahiti, il y a donc le Journal plus les photos.
À part les photos, les souvenirs de ma vie sont aussi attachés à tous les objets et documents que j’ai conservés, ceux qui remplissent cette maison et aussi mon appartement de Chiang Mai : en particulier les fruits de mon travail, surtout mes tableaux, quelques sculptures, les projets de sculptures monumentales et d’architecture que j’ai conservés, mes écrits et les livres que j’ai publiés. Il y a aussi de nombreuses notes : notes de lectures, notes prises lors de stages, de retraites et d’enseignements spirituels, notes de mes nombreuses études dans les domaines de la relation d’aide et du New Age, et documents de travail pour mes séances (Yi Jing*, Human Design*, Reiki, et thérapies diverses). Il y a de nombreux documents et notes qui concernent la peinture et la calligraphie chinoise, et toutes sortes de documents en rapport avec mes activités et mes domaines d’intérêt divers. Et il y a les livres : littérature, art, spiritualité, voyages ; sans compter le stock de mes propres livres. Et de nombreuses œuvres d’art d’autres artistes. Puis mon matériel de travail : matériel de peinture et de calligraphie, cadres et matériel d’encadrement, instruments de musique, appareils électroniques, table de massage, papeterie, matériel de bureau…
Dans une maison, il y a aussi tous les objets utilitaires : meubles, vaisselle et ustensiles de cuisine, linge de maison, habits, accessoires de ménage, outillage, outils de jardin, médicaments et produits de toilette et de santé. Et j’en oublie sûrement.
C’est pourquoi, si je veux me débarrasser de tout ce qu’il y a dans cette maison, tout dissoudre comme diraient les Chinois, c’est un gros travail, peut-être irréaliste, ce qui expliquerait pourquoi je me suis toujours découragé avant d’y parvenir, malgré mes nombreuses tentatives de dissolution, qui sont toujours restées très superficielles ; et cela, autant ici qu’à Chiang Mai, où le problème est le même, même si mon appartement est plus petit que cette maison. Dans quelle mesure est-ce que je vais y parvenir cette fois ?
Oui, j'y suis parvenu. En 2019, j'ai fait la dissolution complète de tout ce que contenait ma maison de Cabrières d'Aigues, et je l'ai vendue. Je ne possède plus rien en France : j'ai eu une bonne intuition !
* Yi Jing (chinois) : littér. le classique des changements. Il s’agit du Livre des mutations, un des classiques de la culture chinoise qui décrit 64 situations types représentées par des hexagrammes. Le Yi Jing est un livre de sagesse que les Chinois utilisent depuis plus de trois mille ans comme oracle. Les noms des hexagrammes ainsi les textes du jugement et des lignes mentionnés sont empruntés à la traduction littérale de Cyrille Javary (Yi Jing, le livre des changements, de Cyrille Javary et Pierre Faure).
* Human Design : le Human Design est un système complexe de connaissance de soi qui fait appel d’une part aux dernières découvertes de la génétique et de la physique quantique et d’autre part aux anciens enseignements de l’astrologie, du Yi Jing, du système indien des chakras et de l’arbre de vie de la kabbale. Pour plus de détails : https://human-design-en-francais.simdif.com.
23 juillet 2018, Cabrières d’Aigues